20 juillet 2024

GAZ DE BORDEAUX



                                              HISTORIQUE 



HISTORIQUE


Gaz de Bordeaux est une entreprise de fourniture de gaz naturel et de services associés.
Historique
Le 23 juin 1824, Jean Benel, négociant bordelais, crée une société anonyme autorisée par ordonnance royale, la Compagnie d'éclairage de la Ville de Bordeaux. Le procédé du gaz à hydrogène n’est alors pas nouveau, puisque c’est un français, Philippe Lebon qui, en 1799 brevette la thermolampe qui allait révolutionner l'éclairage urbain.









C’est en 1832 que démarra l'installation du gaz à Bordeaux avec la construction d’une usine, rue Judaïque. Le gaz est alors manufacturé: la combustion du charbon dans des chambres de carbonisation en fonte libère du méthane, emmagasiné dans des gazomètres; ce gaz est alors injecté sous pression au réseau. Jusqu’en 1875, c’est alors la Compagnie Impériale et Continentale qui est adjudicataire de l’éclairage au gaz de la ville de Bordeaux. L’éclairage est alors l’unique débouché de cette nouvelle énergie.

1839  Éclairage des rues de Bordeaux par la Compagnie Impériale et Continentale du gaz de Londres.

En 1845, apparaissent les premiers appareils de chauffage et en 1954, l’invention du brûleur à flamme bleue (appelé à tort Bunsen) marque les débuts de la cuisine au gaz. Enfin, l’eau sera aussi chauffée au gaz avec la découverte des premiers chauffe-bains à circulation d’eau sous pression. Mais à l’époque, les gaziers de Bordeaux étaient essentiellement occupés à "chauffer les cornues" (four servant à fabriquer le gaz) et à allumer les becs de gaz.
1875 marque la fin de la présence anglaise: la concession cédée à la Compagnie Impériale arrive à échéance et l’exploitation du gaz est confiée à la Compagnie du Gaz de Bordeaux qui héritera de deux usines: celle de la rue Judaïque bien sûr, mais aussi celle de La Bastide, construite en 1854.





1904 Concession de la Distribution et de la fourniture pour tous usages gaz et électricité confiée à la Compagnie Générale d’Éclairage de Bordeaux

En 1906, une usine de distillation de coke s’installe à Bacalan: seize fours à cornues capables de fabriquer 60000 à 70000 m3 de gaz par jour. Parallèlement, on assiste aux progrès de l’électricité.
1907 modernisation de l'usine de la Bastide
1908 démolition de l'usine à gaz de la rue Judaïque. La capacité de production disponible au travers des deux unités restantes atteint 100.000 m3/jour.
1918 le conseil municipal de Bordeaux, lors des séances des 28 mai et 17 juin 1918, décide le rachat et l'exploitation en régie directe des concessions de distribution de gaz et d'électricité. 
En 1919, logiquement, une Régie Municipale du gaz et de l’électricité est exploitée sous l’autorité du maire de Bordeaux, célébrant ainsi le premier mariage industriel de la cité.
Le 1er juillet 1919, la ville entre en possession de tous les établissements, usines, réseaux de distribution constituant les concessions gaz et électricité et assure le fonctionnement de ces importants services sous le nom de "Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité"





Les nouveaux usages du gaz progressent aux dépens de l’éclairage; une nouvelle usine est construite à Bacalan en 1922. Plus performante pour répondre à une demande grandissante, elle est aussi novatrice dans le domaine du recyclage des sous-produits de la houille. Électricité, gaz naturel, la jeune Régie ne s’arrête pas là et compte bien mettre à profit sa maîtrise de la technique des chaleurs:


1927 l'usine de la Bastide est arrêtée et démolie à l’exception de la station gazométrique. 
c’est en 1931 que le Conseil municipal décide de construction d’une usine d’incinération de ordures ménagères. L’énergie thermique produite par la combustion des gadoues est alors transformée en énergie électrique: douze cellules d’incinération traitent alors 300 tonnes de déchets par jour et produisent 10000 kW d’électricité.
Des efforts furent faits en ce sens. De 1919 jusqu'en 1932 on s'efforça d'augmenter la puissance installée disponible. Lors du rachat, la Régie disposa des centrales thermiques que les compagnies vendaient : soit au total une capacité de production de 8 000 kW. Mais on dut déclasser les installations les plus anciennes, inadaptées, qui devinrent des postes de transformation. On modernisa et donna plus de consistance à l'usine de Bacalan au nord de Bordeaux (héritage de la C.G.E.B., l'usine datait tout de même de 1907) : grâce à l'achat de nouveaux turbo-alternateurs sa capacité fut portée en 1930 à 24 000 kW. Enfin, ce qui témoigna de l'évidence de la logique « autonomiste » fut la construction en 1932 d'une usine d'incinération des gadoues qui, accouplée aux usines à gaz et à la centrale thermique de Bacalan, offrait une puissance installée supplémentaire de 2 000 kW. Mais, malgré cet appoint tardif, la puissance installée demeura notoirement insuffisante pour répondre aux besoins d'une ville où la demande d'électricité croissait fortement : 1920 : 26,3 millions de KWh, 1921 : 53,7 millions de kWh, 1930 : 74,2 millions de kWh, 1935 : 83,7 millions de kWh.






A l'été 1930, le Conseil municipal autorisa la R.M.G.E. à contracter un emprunt de trente millions de francs pour transformer les bâtiments de la R.M.G.E. Enfin, La Municipalité confie à l'architecte Raoul Jourde la construction du site moderniste de la Régie, située rue du temple et sur la place Saint-Christoly. 
En 1934, le siège de la Régie Municipale est construit rue Poquelin-Molière sur les plans de l’architecte Raoul Jourde, également à l’origine du stade Municipal. C’est un scandale! notamment en raison de sa haute tour-balise abritant l’ascenseur, et proche de la tour gothique Pey Berland. Le bâtiment est en béton et fera couler beaucoup d’encre…L'immeuble sera converti en résidence hôtelière qui ouvre en 2013
À la Libération, la loi de nationalisation ne concerne pas la Régie, déjà municipalisée. L’objectif étant de mettre dans la communauté nationale des industries vitales pour la nation, ce but est considéré comme atteint à Bordeaux.

2. HISTOIRE DU BÂTIMENT
Projet et Concours – À l’ origine, le projet de construction de la Régie Municipale du Gaz et d'Électricité (RMGE) de Bordeaux naît de la rencontre entre la mise en place d’un nouveau plan de modernisation urbaine de Bordeaux et une nécessité de la ville de centraliser l’électricité et le gaz en
un seul édifice.
Le Plan Marquet, du nom d’Adrien Marquet, maire de la ville de Bordeaux entre 1925 et 1944, est un programme de construction imaginé en 1929. Il propose la construction d’une série d’édifices publics  construits en béton armé. Parmi ces réalisations, on compte la Bourse du Travail (1938), la Piscine Judaïque (1935) ou encore le Stade municipal qui deviendra le stade Lescure (1938).
La RMGE est le premier édifice du Plan Marquet à sortir de terre en 1934. Elle est également le «nouveau monument » le plus progressiste et critiqué des édifices construits à Bordeaux à l’époque.
Depuis 1919, la ville avait pris à son compte l’exploitation des différentes installations assurant ce service, mais la dispersion rendait la gestion difficile.
Le projet de la RMGE prend place en plein cœur de la vieille ville, à l’angle de la rue du Temple et de la rue Poquelin-Molière, sur un terrain qui est déjà la propriété de la Régie.
La commande, l’architecte et le projet – La commande a lieu en 1930 et le projet est confié à l’architecte Raoul Jourde (1889-1959), élève d’Auguste Perret et de Josef Hoffmann, résolument moderne et partisan du Style international. En effet, lors de certaines conférences qu’il donne en 1932, Jourde évoque les théories de Le Corbusier et se réfère aux résultats des Congrès Internationaux de l’Architecture Moderne (CIAM) dont le premier a lieu en 1928. On remarque d’ailleurs que le bâtiment de la RMGE comporte de nombreux éléments caractéristiques de l’architecture moderne : pilotis, toit-terrasse, baies horizontales et matériaux modernes. La RMGE est également l’occasion pour Jourde d’expérimenter de nouvelles techniques de construction.
La conception du projet s’étend sur deux années, de 1930 à 1932. L’été 1930, le conseil municipal vote l’emprunt nécessaire au titre du Plan Marquet.
Le projet se fonde tout d’abord sur l’expérience des techniques nouvelles et par l’utilisation de matériaux modernes tels que l’acier et le béton : béton armé, granit noir en soubassement, menuiseries en métal chromé, etc. Dès l’origine, l’immeuble imaginé comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée et cinq étages dont le dernier couvert par une terrasse. Une façade est accessible au public
depuis la place Saint-Christoly sur la rue Poquelin-Molière, l’autre est réservée aux entrées de service sur la rue du Temple. Le parti esthétique de la RMGE est également marqué par une opposition entre les lignes horizontales dessinées par les fenêtres-bandeaux en façade et la verticalité de la tour d’angle. Le mouvement horizontal est accentué par les poteaux de rive positionnés à 60 centimètres en retrait de l’alignement des façades. La tour d’angle abrite quant à elle l’escalier et l’ascenseur public qui culmine à 46,65 mètres de haut et donne ainsi à l’édifice une certaine monumentalité.
Acceptés dans leur ensemble, certains éléments du projet de Raoul Jourde sont tout de même contestés par l’architecte Jacques d’Welles (1883-1970) architecte en chef de la ville, au nom du comité des architectes-conseils de la ville de Bordeaux. Parmi les défauts, certains sont d’ordre économique et
esthétique. L’un des premiers éléments de discussion est la tour jugée coûteuse et dont l’esthétique divise déjà les opinions. Également, l’utilisation de certains matériaux est jugées inappropriée pour un tel édifice, comme les glaces sécurité. D’autres remarques relèvent de la technique, telles que la qualité et la solidité du béton ou encore la résistance des menuiseries métalliques. Dans un rapport adressé au maire Adrien Marquet, Jacques d’Welles explique que Jourde « a tendance à imiter les Américains,
mais l’imitation de l’architecture des sky-scrapers [sic] conséquence d’une incroyable prospérité, semble illogique pendant la crise actuelle, dans une rue étroite et pour une industrie qui possède un monopole ».1 Le maire prend alors une décision en expliquant qu’une apparence confortable et sérieuse doit être proposée dans les parties accessibles au public, le reste doit entrer dans la norme des bâtiments administratifs de la ville : « confortable mais sans luxe offensant pour les contribuables».2
Ainsi, Jourde conserve sa tour pour la version finale du projet, tout en la simplifiant et en apportant quelques modifications de détails sur le reste du bâtiment. Il revoit également l’utilisation de certains matériaux afin de réduire les coûts. De la même manière, il décide de modifier les enseignes lumineuses verticales représentant en lettres électrifiées le signe RMGE apposées comme un signal sur la tour, en les réservant à la partie supérieure de la tour plutôt qu’à sa totalité.
En janvier 1932, le montage financier est en place et les détails du programme de Jourde sont présentés au Conseil municipal. Le chantier dure deux années, de 1932 à 1934 et la Régie Municipale du Gaz et de l'Électricité de Bordeaux est finalement inaugurée le 1er décembre 1934.
Polémiques et controverses – Le projet de la RMGE constitue un geste fort et audacieux dans l’environnement bordelais, tant par son esthétique moderne que par son emplacement. Il suscite des polémiques et controverses depuis son esquisse et jusqu’à sa réalisation. À deux pas de la cathédrale Saint-André et en totale opposition de style – résolument gothique pour l’une, moderne pour l’autre -, la RMGE semble en effet rivaliser avec le monument bordelais. Elle constitue un nouveau signal dans le paysage de la ville au moyen de sa tour de verre qui, selon certains contestataires, « insulte celles de la
cathédrale ».3 Au travers de ces critiques, c’est également l’amorce d’une contestation politique : c’est l’ensemble de l’action municipale qui semble être mise en cause. Les réactions défavorables du public rejoignent les réserves émises par d’Welles et les architectes-conseils, à savoir l’usage systématique voire agressif pour certains des matériaux nouveaux. La presse est également très critique envers le bâtiment de Jourde. La Petite Gironde, journal régional de l’époque, publie un article en 1932 comprenant la photographie de la maquette du projet, ainsi que le commentaire suivant : « Ainsi qu’on peut s’en
rendre compte, les plans sont d’une inspiration ultra-moderne. La direction de la régie municipale présentera l’aspect d’une véritable usine. Toute préoccupation ornementale, tout souci d’esthétiquenont bannis de la construction. À côté des gracieuses et élégantes constructions du XVIIIe siècle, le contraste n’est vraiment pas heureux. »4
Les débats à l’encontre de la RMGE traduisent une opposition entre les défenseurs du classicisme d’un côté et de la modernité de l’autre. De nombreuses correspondances témoignant de l'opinion
bordelaise générale font état d’une méfiance face à l’architecture moderne qui se dessine alors, qui selon les détracteurs du projet pourrait détériorer l’aspect du quartier.
Parmi ses confrères, Jourde ne trouve qu’un faible soutien. Humbert de Hametel (dates non renseignées) publie quant à lui un article en faveur de Jourde dans lequel il s’applique à expliquer les nouvelles techniques de construction employées et ainsi essayer de faire accepter au public
l’esthétique du nouveau bâtiment. Il met en avant un monument adapté aux besoins d’alors, qui ne pousse pas pour autant au sacrifice des traditions constructives et esthétiques désormais désuètes.
Jourde finit par exercer son droit de réponse aux critiques de La Petite Gironde, plaidoirie finalement entendue. Au lendemain de l’inauguration de la RMGE, le journal propose un article saluant le travail de l’architecte, la justesse de la proposition et son inscription dans sa temporalité.
Aujourd’hui, l’édifice de la RMGE apparaît comme un véritable manifeste du Style international. De nombreuses années plus tard, le bâtiment de la RMGE tel que Jourde l’avait imaginé sera rénové une première fois en 1970, puis une seconde, en 2013 par l’atelier d’architecture King Kong.










1945 à la fin de la guerre, du fait de la mauvaise qualité des ordures, l'usine se trouvait dans un état de délabrement total; il ne pouvait donc être question que de la moderniser ou de l'arrêter définitivement.
Compte tenu de la forte demande de l'agriculture en engrais chimiques, les composts produits à Bacalan subirent un contrecoup fatal conduisant à des prix de revient déficitaires et à l'arrêt de cette activité.
1946 Décision par les Pouvoirs Publics de nationaliser l'électricité et le gaz, ce qui amène la création d'EDF et GDF. La Régie conserve son statut de Régie Municipale.
Arrêts des fours d'incinération - remise en état des chaudières pour la production d'énergie électrique. 
Décision des pouvoirs publics d'amener le gaz naturel de Saint Marcet à Bordeaux.

         

 

En 1949, le gisement de Lacq est découvert dans les Pyrénées Atlantiques: le gaz naturel remplace alors le gaz de ville manufacturé et les brûleurs domestiques des 10000 clients de l’époque doivent être adaptés à cette nouvelle formule chimique. La Régie propose un nouveau service au client: la maintenance des installations. Avant, après compteur, son savoir-faire devient complet pour l’ensemble de la chaîne gazière. La Régie décide de se consacrer exclusivement au gaz naturel en cédant la concession de la distribution électrique à EDF. Elle s’appelle désormais Régie Municipale du Gaz de Bordeaux.
1949 : Construction de la « chapelle du gaz » par les prêtres de la paroisse et ceux de la Mission Ouvrière  de Bordeaux parmi lesquels Michel Favreau

 


1956 début de la conversion du réseau de gaz de ville en gaz naturel - arrêt de la centrale thermique (électricité) de Bacalan, celle-ci n'étant plus compétitive face au prix du kWh proposé par EDF.
1957 le 1er janvier, EDF obtient de la ville de Bordeaux, la concession de la distribution de l’électricité.
Dynamitage des fours à distillation et des cheminées de l'usine à gaz.
1962 fin de la conversion du réseau au gaz naturel.  Démolition des gazomètres.
Dans les années 1970, le choc pétrolier stimule les nouvelles idées.
1980  la régie municipale du gaz se tourne vers une source énergétique nouvelle : la géothermie. Elle procède à son premier forage positif à Mériadeck. Le forage de Mériadeck permet de chauffer 100000 m2 de bureaux et d’économiser 3000 tep.
1981 deuxième forage réussi à Bordeaux Benauge.
1982 démarrage de l'exploitation du réseau de chaleur de Mériadeck.
1983 démarrage de l'exploitation du réseau de chaleur de Bordeaux Benauge



En 1991, le capital de la Régie est ouvert à de nouvelles participations mais la Ville de Bordeaux reste l’actionnaire majoritaire de ce qui devient la SAEML Gaz de Bordeaux. Les années 2000 sont marquées par l’ouverture du marché de l’énergie imposant une séparation entre le Gestionnaire de réseau de distribution baptisé Régaz et le fournisseur d’énergie gardant l’appellation Gaz de Bordeaux sur un marché désormais ouvert à d’autres opérateurs. Le nouveau siège social est sur la place Ravezies, au Nord de Bordeaux en pleine mutation.
Métiers
À la découverte du gisement de gaz de Lacq, le gaz naturel va se substituer au gaz manufacturé et les brûleurs ne sont plus adaptés. La Régie Municipale propose naturellement à ses clients d’adapter les injecteurs des appareils gaz en assurant en exclusivité le service de relèvement de pression (passage de 9 à 20 Mb). L’entreprise intervient pour la première fois sur les installations intérieures, c’était le début du SAV.
Aujourd’hui, sur le volet "services", Gaz de Bordeaux réalise un chiffre d’affaires de 8 M€ au titre de l’entretien et du remplacement d’appareils, fort d’une équipe de plus de 60 salariés et un réseau local de près d’une trentaine de prestataires ou sous-traitants.
Sur la partie "fourniture d’énergie", Gaz de Bordeaux enregistre un volume annuel de près de 5 000 GWh auprès de 210 000 clients girondins.

5 septembre 2005, Gaz de Bordeaux change de Siège social et s'installe aux Portes du Médoc, au 6 place Ravezies à Bordeaux. Il a été conçu par les architectes de l'agence Flint et Michel Moga

1er Octobre 2008  Gaz de Bordeaux change de statut et devient une société par actions simplifiée (SAS), dont le capital est détenu par la SAEML Régaz - Bordeaux - qui gère essentiellement le réseau de distribution - (à 66%), par ENI (17%) et ALTERGAZ (17%).

30 octobre 2012  Gaz de Bordeaux rachète les actions détenues par Eni et Altergaz - La totalité du capital est désormais détenue par la SAEML Régaz - Bordeaux.


    
       FONCTIONNEMENT DES USINES         



Le gaz manufacturé ( dit "gaz de ville") alimentait autrefois les réseaux urbains. Il était produit dans des usines à gaz par distillation de houille ou craquage de produits pétroliers. Il contenait du monoxyde de carbone, très toxique. Les usines à gaz ont progressivement disparu et le gaz naturel, propre et non toxique, a pris la place du gaz de ville.
Le gaz naturel est naturellement inodore. Pour le détecter facilement en cas de fuite, on injecte volontairement un produit odorisant, le tétrahydrothiophène (THT), pour le rendre détectable et spécifiquement reconnaissable.
 Le gaz naturel est essentiellement du méthane, de formule CH4, incolore, inodore, non toxique et plus léger que l’air. Le gaz naturel est issu de la transformation naturelle, durant des millions d’années, de matières organiques. Il est distribué au consommateur sans avoir subi de transformation majeure après son extraction. Des réserves prouvées correspondant à près de 70 années de consommation mondiale sont à ce jour comptabilisées. Et 200 ans de consommations sont d’ores et déjà prévus grâce à la prospection des nouveaux gisements partout dans le monde.
Le gaz naturel n’est pas toxique : il ne contient pas de monoxyde de carbone à l’état naturel. Sa combustion ne dégage que de la vapeur d’eau et du gaz carbonique, comme la respiration humaine. Il a la meilleure efficacité énergétique de toutes les énergies fossiles.  
A l’air libre, il n’y a pratiquement aucun danger d’explosion : même s’il s’échappe en grande quantité, le gaz peut simplement s’enflammer. Il n’y a guère que dans les romans policiers que l’on s’asphyxie au gaz naturel ! Car le gaz naturel n’est pas toxique. Toutefois, une fuite volontairement provoquée pourrait déclencher une explosion, dans certaines conditions strictes (proportion, température de la source...). Le gaz étant plus léger que l’air, il se disperse et se dilue rapidement dans l’air ambiant.

VISITE A L'USINE A GAZ DE BORDEAUX BASTIDE - Le 6 décembre 1895

La Compagnie du Gaz de Bordeaux, dont la Direction et les Bureaux commerciaux sont installés rue de Condé n° 5, possède deux usines, rue Judaïque, et rue des Queyries (La Bastide) et une station gazométrique à Bacalan, dépendant de cette dernière.

La quantité de gaz qui peut être fournie dans vingt quatre heures par les deux usines et la station de Bacalan est d'environ 130.000 m3 répartis comme suit :
Usine, rue Judaïque, 55.000 m3;
Usine, rue des Queyries et station de Bacalan, 75,000 m3; c'est donc la plus importante de notre ville que nous allons visiter aujourd'hui.
Son établissement remonte à l'année 1858 alors que la compagnie anglaise Impérial Continental Gaz Association avait la concession de la fourniture du gaz de la Ville de Bordeaux; agrandie peu a peu, elle est arrivée à peu près à son entier développement.
Elle possède 40 fours représentant une fabrication de 72.600 m3 dans 24 heures, avec une distillation de 242 tonnes de charbon et une production de 157.000 kg. de coke; ses réserves gazométriques y compris la station de Bacalan sont de 48.000 m3.
A 9 heures du matin le groupe des visiteurs est entré dans l'usine et s'est dirigé immédiatement vers les salles de distillation où l'on a pu voir le travail principal en activité. Les chauffeurs, après avoir débarrassé les cornues du coke rouge qu'elles contiennent, renouvellent le chargement de charbon frais en une couche à peu près horizontale de 0mS0 d'épaisseur et d'une longueur de près de 3m c'est là que l'on voit l'habileté de l'individu chargé de ce travail; il faut en effet pour qu'il soit distillé complètement que le charbon soit bien réparti afin que les rayons calorifiques le traversent également afin d'en faire dégager la plus grande quantité de gaz possible. La distillation portée au rouge vif dure 6 heures.
Toutes les différentes catégories de fours sont en marche, les uns chauffés par la combustion directe du coke sur des grilles (ce sont les fours ordinaires à grilles), les autres par l'oxyde de carbone produit par un gazogène placé en contre-bas du four et munis de récupérateurs; ( ce sont les fours à récupérateurs du système Radot).
Les récupérateurs ont pour but de récupérer la chaleur perdue par les gaz chauds se dégageant à la cheminée en chauffant l'air nécessaire à la combustion do l'oxyde de carbone afin d'augmenter la température de la flamme et par suite celle de distillation et de diminuer la dépense du combustible.
Revoir en détail toutes les phases do la distillation serait s'engager dans la partie technique, ce qui ne peut entrer dans le cadre de ce compte-rendu.
en haut du hall de distillation, extérieurement à peu de distance de la dalle d'écoulement des eaux pluviales, on voit un tuyau en tôle de 500 m/m de diamètre, qui entoure tout le bâtiment : c'est le «collecteur», ainsi nommé parce qu'il reçoit tout le gaz qui s'est dégagé des cornues; il commence la condensation des parties liquides entraînées à l'état de vapeur.
Le collecteur est relié aux premiers appareils nommés «annulaires» au moyen d'une conduite en fonte de 500 m/m.
Les annulaires sont des condensateurs par surface; imaginez deux cylindres verticaux de diamètres différents placés concentriquement, dont les parties extrêmes seraient rivées à une plaque de tôle en forme de couronne et vous aurez l'appareil en question.
Le gaz arrive en bas de la partie annulaire et se dégage vers le haut dans un deuxième appareil semblable qu'il parcourt de haut en bas, et de celui-ci dans un troisième où il prend un mouvement ascendant et ainsi de suite pour les huit appareils. Le cylindre extérieur est refroidi par l'air ambiant, celui intérieur forme cheminée et à mesure que l'air s'échauffe au contact des parois, il s'établit un courant d'air qui active le refroidissement des tôles; les condensations formées d'eau et de goudron sont recueillies au bas de l'appareil et dirigées dans des citernes.
La surface totale de condensation des huit annulaires est de 250 m2.
Le gaz est froid au sortir des «annulaires» mais contient encore des impuretés liquides qu'il faut retenir mécaniquement; aussi à la suite de ces premiers appareils avons nous deux autres condensateurs du système «Pelouze et Audouin»l'un de 25.000 m3, l'autre de 50.000 m3 reposant sur le principe suivant: «Toute particule liquide en suspension dans un courant gazeux est arrêtée dans sa course si elle est projetée sur une surface convenablement disposée». L'appareil consiste à diviser le gaz en un grand nombre de petits jets à l'aide d'une tôle percée de trous de 2 m/m de diamètre et à arrêter la direction de ces jets par une deuxième tôle placée a quelques millimètres de la première: les parties liquides adhèrent sur la 2ème plaque et s'écoulent vers le bas.



Condensateur par choc - Système Pelouze et Audouin


Condensateur par choc - Système Pelouze et Audouin 



L'ammoniaque que renferme le gaz après ce condensateur est retenu dans un laveur méthodique dit «Standard» de Kirkham, Hulett and Chandler.
Cet appareil pouvant laver 60000 m3 de gaz par 24 heures est tout en fonte, la section rappelle celle d'un D couché; il est traversé dans toute sa longueur et à peu près en son centre par un arbre muni à l'une de ses extrémités d'une grande roue dentée engrenant sur un pignon animé d'un mouvement de rotation.
La longueur de l'appareil est divisée en sept compartiments par des cloisons munies en leur centre d'ouvertures circulaires; dans chaque compartiment est claveté sur l'arbre un tambour portant sur sa périphérie une grande quantité de petites lamelles de bois constamment maintenues humides par la rotation de celui-ci dans l'eau qui occupe la partie inférieure de chaque compartiment.
Le gaz traverse successivement chaque tambour et est débarrassé de son ammoniaque à la sortie du dernier compartiment.

laveur méthodique dit «Standard» de Kirkham, Hulett and Chandler.


L'eau d'un écoulement constant suit une marche inverse de celle du gaz et, à la sortie de l'appareil, est conduite, chargée d'ammoniaque, à une citerne.
A côté de ce laveur relativement récent l'on voit encore les colonnes à coke; elles sont formées de deux cylindres fermés aux deux extrémités, placés verticalement ayant 9m de haut sur 3m50 de diamètre. La hauteur est divisée par 4 rangées de grilles horizontales sur lesquelles on met une couche de coke de l m d'épaisseur. Le gaz entre à la partie inférieure, traverse les couches de coke constamment mouillées et sort par une conduite centrale vers le haut de la colonne pour traverser l'autre appareil de même disposition. De l'eau faiblement ammoniacale est envoyée par une pompe au-dessus de ces colonnes et s'écoule a l'intérieur par des pommes d'arrosoir en un grand nombre de jets afin de maintenir les surfaces de coke toujours humides; l'eau est recueillie a la partie inférieure et dirigée dans une citerne.
Dans le but d'éviter une trop grande pression sous laquelle le gaz se dégage dans les cornues, ce qui est nuisible au rendement en gaz, on emploie des appareils destinés à réduire cette pression et appelés «extracteurs».
L'extracteur est en somme une pompe rotative qui a pour but d'aspirer le gaz au fur et à mesure de sa production à travers les appareils que nous avons vus et de le refouler dans ceux que nous verrons.
La salle dite des machines contient :
2 extracteurs Beale de 30000 m3 par 24 heures.
1 extracteurs Beale de 50000 m3 par 24 heures.
qui peuvent être actionnes à volonté par une machine Piguet de Lyon à moyenne pression, à détente et 
 à condensation de 25 chevaux, et 2 machines à moyenne pression et à échappement libre de 8 chevaux chacune.

Extracteurs Beale

La vapeur nécessaire, pour actionner ces machines est fournie par 3 chaudières à bouilleurs chauffées par l'oxyde de carbone produit par 3 gazogènes placés derrière les chaudières; par ce procédé la chauffe est d'une docilité extraordinaire, il suffit de manœuvrer des registres pour augmenter ou diminuer la production de la vapeur.
Deux autres extracteurs Beale de 30.000 m3 actionnés par un moteur à gaz Otto de 16 chevaux servent au refoulement du gaz dans le gazomètre de Bacalan (1)

Vue perspective du moteur horizontal Otto, à un seul cylindre.


Moteur à gaz Otto vertical.

La salle renferme encore une chaudière Belleville, un détartreur, des pompes à eaux ammoniacales, etc.
Les extracteurs refoulent le gaz à travers les épurateurs; ces appareils ont pour but d'enlever au gaz l'hydrogène sulfuré qu'il contient encore.
L'usine possède 20 épurateurs formant une surface totale de 300 m2 environ,
Les épurateurs sont des caisses rectangulaires en fonte dans lesquelles on met sur une, deux ou trois grilles, la matière d'épuration ; la caisse est fermée par un couvercle en tôle dont les bords plongent dans une gorge remplie d'eau laquelle est ménagée sur tout le pourtour supérieur de la caisse. Cette eau forme joint étanche autour du couvercle.
La matière qui sert à l'épuration est à base d'oxyde de fer et s'obtient par la réaction do la chaux sur du sulfate de fer. On arrose de la sciure de bois avec une solution de sulfate de fer, on y mélange de la chaux en poudre, il se forme du sulfate de chaux et du sesquioxyde de fer. Ce sesquioxyde mis en présence de l'hydrogène sulfuré du gaz se transforme en sesquisulfure, lequel exposé a l'air se revivifie en absorbant de l'oxygène et dégageant du soufre, après quoi la matière ressert pour une et plusieurs épurations.
Le gaz traverse quatre séries d’épurateurs, la première renferme de la matière agissant faiblement, la deuxième, de la matière un peu plus active, après la troisième série, le gaz ne doit pas renfermer d'hydrogène sulfuré ce qui est facile à déterminer par l'emploi d'un papier imprégné d'acétate de plomb (l'acétate de plomb noircit en présence de l'hydrogène sulfuré) ; la quatrième série a pour but de parer au défaut de surveillance de la troisième série,
A côté des épurateurs se trouvent des aires planes destinées à la revivification de la matière, comme nous l'avons vu plus haut.
La matière épuisée renferme des sels ammoniacaux, du soufre à l'état libre en quantité notable, 40 à 50 p. % et plus, employé dans l'agriculture, soufrage de la vigne;" du bleu de Prusse, des cyanures et sulfo-cyanures employés dans la fabrication de certaines peintures, etc.




A la sortie des épurateurs le gaz est propre à la consommation; il traverse deux énormes compteurs de 3m20 de diamètre, 3m20 de long destinés à enregistrer le volume du gaz fabriqué (ce sont les compteurs de fabrication), et de là se rend aux gazomètres.

Compteur de fabrication


Les gazomètres se composent de cuves circulaires en fonte et en tôle de 8 m de profondeur et 25 m de diamètre remplies d'eau et d'une cloche en tôle divisée sur sa hauteur en 2 parties qui peut monter ou descendre librement dans la cuve : ce sont des gazomètres télescopiques.
Le mouvement des cloches est guidé par des poulies en fonte, boulonnées au haut et au bas, qui roulent sur des fers à T fixés aux parois intérieures de la cuve et aux colonnes qui servent de points d'appui aux cloches pour résister au vent. Trois gazomètres ont les conduites d'entrée et de sortie traversant le fond de la cuve et débouchant au-dessus du niveau de l'eau, le quatrième a des tuyaux articulés dits à genouillères qui viennent aboutir sur la calotte de la cloche et qui peuvent suivre ses mouvements.
Lorsque le volume du gaz fabriqué est supérieur à celui de la consommation, ce qui arrive dans la journée, la différence du volume vient s'emmagasiner sous les cloches des gazomètres; si l'effet contraire se produit, ce qui a lieu le soir, le gaz emmagasiné est livré à la consommation.







Bâtiment des épurateurs en construction  - Bordeaux Bastide - juillet 1907


Commanditaire(s)
Compagnie générale d'éclairage de Bordeaux • Régie municipale du Gaz et de l'électricité de Bordeaux (RMGEB) (1919-)
BET/ingénieur(s)
Bétons armés Hennebique (BAH) : bureau technique central • Bétons armés Hennebique (BAH) : bureau technique de la Gironde et du Sud-Ouest (Bordeaux) • E. Derval, ingénieur-constructeur • G. Sabatié, ingénieur : agent Hennebique • J. Renous, ingénieur : agent Hennebique • Louis Fouillade, ingénieur : agent Hennebique • Monsieur Ambrières, ingénieur : ingénieur de la Cie générale d'éclairage • Pierre Boyer, ingénieur : agent Hennebique
Entreprise(s)
A. Largeteau : concessionnaire Hennebique • Compagnie anonyme continentale pour la fabrication des compteurs à gaz et autres appareils (J. Brunt et Compagnie) • Edmond Gallois : concessionnaire Hennebique • Georges Vialla : concessionnaire Hennebique • J. & O.-G. Pierson • J. Richard (anciens Etablissements G. Mouraille) • L. Laguillon : concessionnaire Hennebique • Secteur électrique A. Tricoche • Société anonyme des Ateliers de Montreuil • Société bordelaise de constructions en béton armé : concessionnaire Hennebique • Société de fondations par compression mécanique du sol (Compressol) : concessionnaire Hennebique • Société générale de constructions en béton armé et de travaux spéciaux en ciment (SGCBA, anciens établissements Dumesnil) : concessionnaire Hennebique


La visite des gazomètres faite, nous arrivons au dernier appareil de l'usine qui est le «régulateur d'émission».
Afin de ne pas donner une pression plus élevée que celle qui est nécessaire pour les besoins de la consommation on a établi à la sortie du gaz de l'usine un appareil destiné à régler la pression dans les conduites de la ville.
L'appareil que l'on a vu en fonction est du système Girond.
A côté de la salle d'émission existe un petit laboratoire, qui sert à vérifier le rendement en gaz des charbons fournis à l'usine : une cornue prise parmi celles en activité est réunie par une conduite spéciale aux appareils du laboratoire, laveur, épurateur, compteur et gazomètre.
La quantité de charbon est pesée et mise dans la cornue, le volume du gaz qui distille est enregistré par le compteur d'où l'on a le rendement. Un photomètre sert à mesurer le pouvoir éclairant de ce gaz en même temps que celui de la fabrication.
La visite s'est définitivement terminée dans la salle photométrique rue des Queyries où est installé l'appareil « Dumas et Bégnault» seul admis par contrat entre la Compagnie et la Ville pour la vérification du pouvoir éclairant du gaz fourni.
L'étalon de lumière est fourni par la lampe Carcel brûlant 10 gr. d'huile de colza épurée en 14 minutes; le gaz est dit au titre lorsque la dépense du bec type Argand est de 25 litres dans le même temps.
Bulletin de l'Association des anciens lauréats des classes d'adultes de la Société philomathique de Bordeaux

(1)la station du Bacalan comprend un gazométre do 20.000 m3 et une salle d'émission. — Elle a pour but d'équilibrer la pression du gaz dans les conduits de la ville du côté de Bacalan, quartier très éloigné des 2 usines et par conséquent sujet à être mal éclairé faute de pression.







VISITE A L'USINE A GAZ DE BORDEAUX BACALAN - Le 14 mai 1924

Ces usines, dont les multiples installations s'étendent sur un terrain ne mesurant pas moins de 800 mètres de longueur sur 600 de largeur, sont construites sur les terrains contigus à l'ancien gazomètre, qui formait, sous la Compagnie du gaz de Bordeaux une station pour alimenter le quartier de Bacalan et une partie des Chartrons; ce gazomètre recevait le gaz pendant le jour de l'usine de La Bastide.


    Livre d'or des capitales du Sud-Ouest : publié à l'occasion de l'exposition maritime de Bordeaux /                                   Louis Querouil, et al. ; [illustré par] Angelo Portelli    -  1907  





Vue aérienne de l'usine à gaz de Bordeaux Bacalan - 1935


1942



Usine à gaz de Bordeaux Bacalan 1907









USINE A GAZ 

L'Usine à gaz, dont l'entrée principale se trouve chemin de Labarde, est divisée par une très large voie en deux parties comprenant : celle de droite, les appareils de distillation; celle de gauche, les appareils d'épuration; ces deux parties sont réunies par un « collecteur aérien ».
Pour faciliter les explications, nous allons suivre la marche du charbon, matière première, puis celle du gaz, produit fabriqué.
Les charbons proviennent de la Rhur, d'Angleterre : Holmside, Lambton et sont expédiés par Sunderland.
Les bords de la Garonne présentant une pente très faible ne permettant pas aux navires d'être déchargés directement, le déchargement se fait dans des gabares qui sont reçues à un appontement en ciment armé muni de deux grues électriques à bennes dragueuses pouvant décharger 250 tonnes de charbon chacune pour une journée normale. L'outillage de Appontement est complété par deux cabestans électriques pour la manœuvre de grands wagons à voie normale.
Les wagons chargés, après avoir été pesés sur une bascule placée à la sortie de l’appontement, sont amenés par un tracteur électrique, dans l'Usine à gaz, et le charbon est mis sur le terre-plein (dit parc à charbons) en face la halle des fours.
Le parc à charbon va être relié, par une voie ferrée, au poste 14 du quai du bassin à Flots.
Ainsi les charbons, arrivant par bateaux, seront mis directement sur wagons, transportés à l'Usine, et vidés par l'ouverture latérale de ces wagons, dans une fosse de 230 mètres de longueur, 4 mètres de profondeur et 4 m. 50 de largueur. Des bennes sur portiques reprendront le charbon dans la fosse pour l'élever et le mettre en tas sur le terre-plein, ou « parc », qui peut contenir 15.000 tonnes.
De ces tas, les mêmes bennes reprendront, suivant les besoins, le charbon qui sera déversé dans des. wagonnets Decauville. Les wagonnets chargés sont roulés devant la fosse de l'atelier de distillation. Le charbon est vidé dans cette fosse métallique, dont le fond, en deux parties se déplaçant alternativement, broient le charbon qui tombe dans les godets d'un monte-charge qui transporte le charbon au premier étage, dans les convoyeurs.





Wagonnet Decauville



L'atelier de distillation est disposé exactement en face et le long du parc à charbons. Cet atelier produit aujourd'hui 50.000 m3. de gaz par 24 heures. En prolongement de cet atelier, on en édifie un autre qui pourra donner 100.000 mètres cubes par 24 heures. Ces 150.000 mètres cubes, dont on disposera, pareront non seulement aux besoins actuels, mais à ceux que l'on prévoit dans un avenir prochain.
Halle des fours . — La halle comprend deux batteries de 8 fours de 9 cornues de 6 in. 10 de long; les fours sont à gazogènes et à récupération. Ces parties occupent le rez-de-chaussée, tandis que les fours proprement dits, sont au premier étage.
Le massif d'une batterie coupe la halle en deux parties : côté chargement, côté défournement.
La façade des fours « côté chargement » n'a rien de particulier; on y voit, comme toujours, les tètes de cornues, les colonnes montantes, les barillets.
Devant cette façade circulent deux machines : une « défourneuse » et une « chargeuse ».
Au-dessus de ces machines, une charpente en fer supporte des trémies contenant du charbon pour la charge d'une cornue, ainsi que de vastes réservoirs à charbon capables de contenir la distillation de 18 heures.
Le charbon est amené dans ces réservoirs par des convoyeurs à charbon alimentés par les norias.
Le travail principal de la halle consiste à remplacer le coke des cornues, résidu de la distillation, par de la houille fraîche.
Une cornue se compose d'un vaste tube de 0 m. 00/ 0 m. 35 en terre réfractaire, en forme de D renversé, fermé aux deux extrémités par des têtes en fonte munies de portes; la longueur est de 6 m. 10, elle est chauffée dans toute sa longueur au rouge clair de 1100° à 1200°.
La cornue est ouverte aux deux extrémités, la « défourneuse », conduite par un ouvrier, vient se placer en face, l'ouvrier, par une commande spéciale, engage le bouclier de la machine dans la tête de la cornue, lequel appuie sur le gâteau de coke; l'effort devenant de plus en plus grand pousse le coke qui tombe incandescent du côté opposé, le bouclier arrivé près de l'extrémité s'arrête puis est retiré, on ferme la porte du côté de la chute du coke. La cornue est prête à recevoir une nouvelle charge.



Cornues


La chargeuse est une machine à projection utilisant la force centrifuge, le même principe que la fronde. La machine étant en mouvement fait 700 à 1000 tours à la minute, on ouvre la porte de la trémie placée au dessus, le charbon tombe dans la machine et est lancé dans la cornue, la vitesse de projection est diminuée progressivement. Le coup de main consiste à répartir uniformément le charbon dans la cornue.
La charge faite, la porte est fermée et le gaz distillé s'engage dans la colonne montante, descend dans un barillet, abandonne des matières liquides, eau et goudron, et continue sa course à travers une série de tuyaux, les collecteurs, pour venir aux réfrigérants.
Revenons au coke et passons du côté « défournement ».
En avant de cette façade des fours, se trouve un vaste chéneau en tôle contenant de l'eau, au fond duquel se meut une chaîne spéciale; la cornue étant ouverte, le coke peut tomber dans ce chéneau où, par suite de la présence de l'eau, il s'éteint, pendant que la chaîne l'entraîne vers une extrémité où il tombe dans un autre chéneau à peu près semblable au premier, mais placé à 90" pour être conduit dans des trémies supérieures en ciment armé; de là, il est pris par des wagons pour être transporté à l'appareil de classement et livré au commerce.
Le gaz à la sortie des cornues est chaud, il se refroidit un peu dans les collecteurs, mais surtout dans le « réfrigérant ». Cet appareil est formé d'un grand nombre de faisceaux tubulaires constamment arrosés d'eau; car le gaz entré à 60 ou 70 degrés en sort à 20 ou 25 degrés dans cet appareil, il a abandonné une grande quantité d'eau ammoniacale et de goudron.
A la suite, sont placés les extracteurs. Le gaz devant traverser encore d'autres appareils pour son épuration et son emmagasinement dans le gazomètre, il en résulterait une pression considérable dans la cornue; or, nous savons que les cornues sont en terre réfractaire, qu'en pratique l'étanchéité est problématique, il faut, donc, au contraire, faciliter le dégagement du gaz sous la plus faible possible et vaincre la résistance des appareils; c'est la raison d'être des extracteurs qui aspirent le gaz du côté production et le refoulent du côté épuration.
Ces extracteurs sont des pompes rotatives système Beale.
Dans le même bâtiment, il y a deux groupes comprenant chacun une machine à vapeur de 15 chevaux commandant deux extracteurs montés sur te même axe, l'accouplement se fait par plateaux, broches et
bagues de caoutchouc; ils peuvent assurer chacun une fabrication de 40.000 mètres cubes. Au centre de la salle, entre les deux groupes, est placé un régulateur permettant de régler la pression d'aspiration du gaz.
Après cette installation vient le bâtiment des condensateurs Pelouze et des laveurs Holmes.
Le gaz renferme encore des vapeurs très fines de goudron et d'eau, on peut l'en débarrasser par un moyen mécanique reposant sur le fait suivant : quand un courant gazeux renfermant des particules solides ou liquides est arrêté brusquement dans son mouvement, il abandonne ces particules; c'est la fonction des condensateurs « Pelouze ».
L'ammoniaque n'est pas encore éliminé, mais on l'obtient au moyen d'un lavage à l'eau.
Les laveurs du système Holmes horizontal, sont formés de cylindres en fonte de 2 m. 50 de diamètre, fermés aux deux extrémités et divisés dans la longueur en compartiments; chaque cylindre est traversé de part en part et au centre, par un arbre animé d'un mouvement de rotation. Sur cet arbre sont fixés des disques en tôle portant de véritables brosses en « Parana ». La partie inférieure des cylindres est remplie d'eau, de sorte que les brosses entraînées par l'arbre viennent à chaque moment plonger dans l'eau et en sortir toutes mouillées, le gaz entre par une extrémité, traverse successivement toutes les brosses et sort à l'autre extrémité à peu près exempt d'ammoniaque.


laveur du système Holmes horizontal



laveur du système Holmes horizontal

Dans la même salle se trouve un laveur à naphtaline, basé sur le même principe, l'eau est remplacée par de l'huile d'anthracène, dissolvant de la naphtaline.
Pour extraire l'ammoniaque, l'eau de lavage passe à distillation puis passe dans de grandes cuves contenant de l'acide sulfurique, le mélange de l'ammoniaque et de l'acide donne le sel ammoniaque.
Le gaz renferme du benzol.
Pour extraire le benzol, le gaz sortant des laveurs à eau passe dans le laveur à naphtaline, puis l'huile d'anthracène, sortant du laveur, est amenée dans un appareil
-appareil qui extrait le benzol qui reste dans cette huile. Le benzol contient des carbures instables qui le rendent coloré.
Le benzol est raffiné en dehors de l'usine par des raffineurs.
Il reste encore à épurer le gaz, lui enlever l'hydrogène sulfuré qui, par sa combustion, répandrait une très mauvaise odeur d'acide sulfureux et détruirait peu à peu dans les appartements : dorures, cuivre, etc...
Le groupe épurateur renfermé dans une construction spéciale en ciment armé contient 4 vastes cuves en fonte de 9 m.x 11 m. fermées par des couvercles en tôle, elles renferment deux couches de matière épurante, le tout est supporté par un plancher supérieur; les conduites de gaz sont suspendues en-dessous du plancher.
L'épuration est méthodique : le gaz sale est en contact de vieille matière, le gaz presque propre, en contact de matière venant d'être revivifiée.
La matière est formée de limonites rendues plus poreuses par un mélange de copeaux de bois ou de petites ripes.
Les manipulations de matière : étendage, brassage, revivification, arrosage se font au rez-de-chaussée.
Le fond des bacs est muni d'ouvertures par lesquelles les matières usées sont rejetées à l’étendage.
Des norias placées aux deux extrémités du bâtiment, servent à monter la matière dans des trémies supportées par un pont mobile; les trémies pleines, le pont est amené au-dessus de la cuve à remplir, on ouvre la trémie et la matière tombe sur les grilles de l'épurateur où elle est régalée en couche de 0 m. 40.
Le pont sert aussi à la manœuvre des couvercles des cuves.
- Pour une bonne épuration, un papier imprégné d'acétate de plomb ne doit pas changer de couleur lorsqu'il est placé dans un courant de gaz.
Le gaz fabriqué traverse deux compteurs capables de mesurer 70 à 80.000 mètres cubes par 24 heures; ces compteurs vont être augmentés.
Tout à côté, un calorimètre « Star Kas », permet de constater à chaque instant le pouvoir calorifique du gaz et de se rendre compte du fonctionnement normal de l'Usine. Le laboratoire d'analyses est proche et permet de vérifier, en même temps que le gaz, ses sous-produits, et la qualité du charbon et du coke.
Des extracteurs pompent le gaz fabriqué dans l'atelier de distillation et l'envoient dans les gazomètres à travers les appareils d'épuration qui enlèvent le goudron, -l'ammoniaque, le benzol, etc...
Deux gazomètres, un ancien, de 1885, de 18.000 mètres cubes, et un nouveau, de 1907, de 25.000 mètres cubes, servent à emmagasiner l'excès de production sur la consommation ou, le soir, à fournir un large supplément de dépenses.
Actuellement, on fait des fouilles pour établir un troisième gazomètre de 30.000 mètres cubes.
L'Usine de La Bastide, qu'il faudrait reconstruire en entier, vu sa vétusté, est supprimée, mais cette désaffectation ne s'applique pas au gazomètre de 32.000 mètres cubes qui est conservé et alimente ce florissant quartier.
Les gazomètres anciens étaient constitués, dans une cuve d'eau, par d'énormes cloches qui s'élevaient ou descendaient selon, la quantité de gaz qu'elles contenaient. Le nouveau gazomètre de Bacalan comporte un cylindre vertical dans lequel se meut un piston d'un certain poids. Ce piston, rendu étanche, a son pourtour formé d'une garde de goudron. L'eau, de cette façon, est supprimée.



Gazométres de l'usine à gaz de Bordeaux-Bacalan


Tous les appareils mécaniques de l'Usine sont commandés par des moteurs électriques, à courants alternatifs de 204 volts combinés, 50 périodes, le courant est fourni par la grande station génératrice édifiée sur le même terrain et à environ 300 mètres de l'usine de distillation. Le courant est fourni sous tension de 5.500 volts. Une petite station de transformation est établie au centre de l'Usine à gaz pour ramener ce voltage à 204 volts combinés « courants alternatifs », ou en courant continu, suivant le cas.


                                                  USINE ÉLECTRIQUE                                                   
L'usine génératrice d'électricité n'a pas moins d'importance. Sa puissance est de 14.000 kilowatts. Celte station est formée d'une vaste construction métallique « fer et briques ». A droite, un appentis abritant les chaudières; à gauche, la salle des pompes.
Au premier étage de la construction principale, sont les « turbo-alternateurs » de 6000, 3.000, 5.000 kilowatts. La salle est fermée à une extrémité par un immense tableau ou plaque de marbre, on y trouve tous lés appareils de vérification des machines, et les compteurs de production, puis le départ des secteurs de la ville de Bordeaux.
La vapeur est fournie par un groupe de chaudières Babcock & Wilcox, timbrées à 12 kilos. Pour la chauffe, on utilise les poussières de coke dont la vente n'est pas rémunératrice. Avant d'arriver aux chaudières, l'eau passe dans des économiseurs où elle atteint une température élevée, utilisant ainsi les .chaleurs perdues des fumées venant des chaudières et se dirigeant à la cheminée.
Le tirage est obtenu par une cheminée de 50 mètres de hauteur et de 1 m. 50 de diamètre au sommet.
Afin de réduire la quantité d'eau à puiser dans la Garonne, les eaux de condensation des machines sont refroidies à l'aide de réfrigérants Balck à cheminée. Cette installation se trouve de l'autre côté du chemin de la Palu, près de la Garonne; là aussi, sont installés les bassins de décantation, l'eau de la rivière pouvant être seule utilisée pour les besoins industriels .
Telle est, en peu: de mots, la description de cette belle et double usine à laquelle ont été apportés tous les progrès de la science et de la mécanique moderne.


Chaudières Babcock & Wilcox
 "Bulletin de l'association des anciens lauréats des classes d'adultes de la société philomathique de Bordeaux  1885 - 1924"

Usine à gaz de Bordeaux Bacalan - 18 septembre 1936 -
camion SOVEL électrique, modèle EC de 1931

Les camions électriques assuraient les livraisons de porte à porte comme le charbon et diverses marchandises. Un autre domaine où ces camions s’implantèrent durablement est celui du ramassage des ordures ménagères et de la voirie.
Une entreprise fondée en 1925 s'était spécialisée dans la construction de ces véhicules : la société SOVEL (SOciété des Véhicules Électriques). Celle-ci, implantée initialement à Saint-Étienne s’installa par la suite à Villeurbanne avant de disparaître en 1977.
De tels véhicules nécessitaient une maintenance spécifique, ne serait-ce que la recharge journalière de leurs accumulateurs.







GALERIE PHOTOS

Ouvriers Gaziers - Usine à gaz de Bordeaux Bastide - Début XXème


1949 - Haut de gauche à droite : Maillac, Brun, Mérino, ?, Goubier dit « Butagaz », Sans dit « La Grenouille », Doumègue
Bas de gauche à droite : Fritz, Vernejoul, ?, Teulié dit « Le rouge », Barthe.


Ci-dessous, photographie prise dans les années cinquante au centre de colonie de vacances de Lacanau-Océan : Le plus haut : inconnu Les quatre, deuxième rangée : Marceau Dupuy dit « Le Serbe », Sans, Jules Robin, Marcel Vernejoul
Les deux du bas qui font le salut militaire : Félix, Paul Lagarde.



BUILLES René Jean Henri - Chauffeur au gaz de Bordeaux


BUILLES René Jean Henri - Chauffeur au gaz de Bordeaux


Plan de défense de l'usine à gaz sous l'occupation Allemande



02 septembre 1894


Menu de fin d'année de la Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX - 12 décembre 1942


Menu de fin d'année de la Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX - 4 décembre 1943


Menu de la Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX du 2 avril 1944



Statuts de la Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de la ville de BORDEAUX - 1923


Carte d'agent de la Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de Bordeaux  - BUILLES Basile Alexis délivrée le 1er septembre 1923



Cartes de prévoyance du personnel de de la Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX - BUILLES Alexis


Carte des retraités du Gaz et de l’Électricité de Bordeaux - 1933





Caisse de prévoyance -  Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX - 1931


Fédération Nationale de l’Éclairage et Forces Motrices - 1945



















Livret de pension -  Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX


Livret de pension -  Régie Municipale du Gaz et de l’Électricité de BORDEAUX - BUILLES Alexis - 1934

Casquette de la Régie Municipale du Gaz de Bordeaux


Casquette de la Régie Municipale du Gaz de Bordeaux


Casquette de la Régie Municipale du Gaz de Bordeaux


Casquette de la Régie Municipale du Gaz de Bordeaux




Centre de vacances du gaz à Lacanau - Fin années 20


  La Gazette des eaux : revue générale des établissements de l'Europe
01 janvier 1925  





















IVe République, la Régie Municipale du Gaz et d’Électricité de Bordeaux, par Simon, 1947 Paris



IVe République, la Régie Municipale du Gaz et d’Électricité de Bordeaux, par Simon, 1947 Paris.

A/ La Seine allongée à droite, vidant son urne et tenant un flambeau ; signature G. SIMON.
R/ Construction électrique. Au-dessus médaillon attribué sur quatre lignes : R. M. G. E. / E. CASSOU/ 1947/ BORDEAUX.
Bronze argenté – 168,80 g – 68,0 mm – 12 h. – Corne d’abondance.
SUP+ / SUP

Splendide nu féminin au droit











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